Réforme de l’audiovisuel public : le temps de l’ORTF

Écrit par le 13 juillet 2025

L’ORTF, le temps d’une holding médiatique à la solde du pouvoir exécutif, se retrouve au cœur de la refonte de l’audiovisuel public.

Vous aimez l’ORTF ou la Pravda ? Vous allez certainement aimer le projet de fusion des organisations de l’audiovisuel public à travers leur concentration dans une holding. Cette approche permet également de définir ce que le journaliste a le droit de dire et de faire. Une propagande soumise à l’exécutif permet de déconstruire l’indépendance du journalisme. Or, sans l’indépendance de ce dernier, les enquêtes seront détournées à des fins politiques pour consolider le pouvoir de manière ad hoc.

Le maintien de ces organisations dans une approche tendant vers le démantèlement du service public suit une logique connue. En effet, la découpe sur mesure pour les grandes sociétés de milliardaires apparaît comme une évidence. Une vision soutenue réside dans cette concentration pour créer l’ORTF 2.0. Elle aurait pour but de s’adresser à un public plus jeune et de conquérir des parts de marché. Cette tendance à rentabiliser un service qui n’a pas à être rentable soulève notamment la véritable question : la tutelle politique de cette nouvelle holding.

Le service public est garant de la neutralité de sa ligne éditoriale. Ces dernières années, cela se transforme par une volonté d’aseptisation des idées des chroniqueurs et des intervenants. Il faut comprendre que cette démarche s’inscrit dans une ambition de pluralisme selon le bloc central. En effet, le concept « ni de gauche, ni de droite » pour paraphraser le regretté Zeev Sternhell met en lumière cette dimension.

Une démarche s’inscrit dans la realpolitik où les idées progressistes sont considérées comme antinomiques pour les soutiens de cette approche. Le maccarthysme en France prend également son sens par la mise en perspective d’un « bloc néolibéral ». Ce dernier va des néo-socialistes et de Place Publique jusqu’à l’extrême droite. Les ambitions se retrouvent par ailleurs dans la commission contre La France Insoumise. Ainsi, ce bloc savoure le goût de Laurent Wauquiez et sa compatibilité se situe en dehors du champ républicain.

Le service public audiovisuel se retrouve dans une dimension abstraite où Rachida Dati, membre du parti Les Républicains de Bruno Retailleau, qui n’a de républicain que le nom, s’inspire du GOP (à savoir MAGA aux États-Unis d’Amérique) ou Die Republikaner en Allemagne. L’ORTF 2.0 permettrait de créer une dimension populaire où le service public est vu comme élitiste et destiné aux papys boomers. Au moment où la dette publique explose, la privatisation est projetée à terme. Pourtant, ces derniers font abstraction des raisons de l’endettement public : hausse des aides aux entreprises, à savoir 211 milliards d’euros, et baisse des recettes, selon un rapport sénatorial.

Cela se retrouve naturellement dans l’idée que France Inter soit une radio de gauche, alors que dans les faits, la quasi-totalité des intervenants représente les idées du « bloc néolibéral ». En voulant absolument éviter la tronçonneuse de Javier Milei et le DOGE du néo-nazi Elon Musk, l’objectif s’avère d’être des antennes du pouvoir exécutif. L’ORTF 2.0 pourrait devenir à terme une organisation politique pour contrôler l’information, au mépris de la liberté de la presse. Cette dernière est mal en point depuis des années et cela va s’aggraver. La liberté de la presse et l’ORTF 2.0 ne sont pas compatibles.

Dès à présent, pour éviter que l’audiovisuel public ne devienne un organisme politique sous la forme de l’extension du pouvoir exécutif, on se rend bien compte qu’il s’agit ici d’une grande question pour l’avenir de la démocratie.


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