Austérité et récession: le plan de Lecornu

Austérité / Le gouvernement légal nommé par Emmanuel Macron pour poursuivre son œuvre austéritaire entre en action.

Le gouvernement Lecornu devra proposer son budget austéritaire devant l’Assemblée Nationale pour y régler les dernières économies afin de démontrer la « soutenabilité de la dette ». Une rhétorique catastrophique s’est hissée ces derniers mois sur la banqueroute de la France. Une des raisons serait le fait que l’État serait « providence » et qu’il n’arrive plus à fonctionner correctement.

Des politiciens comme Bruno Lemaire avait théorisé l’idée de basculer sur un « État protecteur » en sabrant massivement dans les dépenses sociales. En effet, l’État mis en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale ne serait plus adapté par rapport à notre époque, car le monde a considérablement changé. De plus, l’extrême-droite mondiale qui avait été vaincue dans le sang se retrouve à progresser dans tous les pays avec les mêmes rhétoriques identitaires et patronales.

L’extrême-droite dans ses discours se pose comme un défenseur des classes populaires et moyennes et se base dans les différentes assemblées comme l’avocate des milliardaires pour baisser le pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes. La défense de la nation se trouve uniquement dans l’augmentation du portefeuille du dernier carré des plus fortunés. Il s’agit dans les faits de lever une armée de financement des ultra-riches à moindre coût, car il s’agit pour eux d’une « défense patriotique », où la patrie, ce sont les milliardaires.

Ensuite, l’austérité serait un marqueur essentiel de notre société. En effet, la pauvreté des débats qui s’ensuit aurait dû marquer que la dette publique était de supérieur à 200 % du PIB en sortant de la guerre, mais l’État providence a été installé. Cela permet de souligner que le problème ne se trouve pas dans le niveau de la dette publique qui a été réduit jusqu’à 15 % dans les années 1970 grâce à deux mécanismes : l’inflation forte et la croissance importante. Les Trente Glorieuses se terminent en 1973 par le choc pétrolier en lien avec l’actualité géopolitique au Proche-Orient.

Les investissements paraissent nécessaires et permettent de créer les richesses de demain. Or, le passage progressif du keynésianisme vers le néolibéralisme a emporté avec lui la croissance d’une dette publique importante allant jusqu’à 113 à 114 % du PIB actuellement. Les notes des agences de notation baissent progressivement, mais rien de dramatique. Ils sont en lien avec la gestion calamiteuse du bloc central appuyé par la droite et officieusement par l’extrême-droite.

En effet, les aides aux particuliers seraient le maître de tous les maux de la France. Pourtant, elle ne représente que 31,5 % du PIB selon la DRESS en 2023. Dans le même temps, entre 7,2 et 9,2 % du PIB va dans les aides aux entreprises. La part de la fraude fiscale représente 2,7 % du PIB quand la fraude sociale représente : 0,06 % du PIB (essentiellement attribuée aux entreprises), et les exemples ne manquent pas. Au moment où la récession se met en avant comme une locomotive qui freine en lien avec des facteurs externes de l’économie Française comme les « droits de douane » de Donald Trump, la guerre en Ukraine, et la fin d’un cycle économique.

Sébastien Lecornu affirmait chez nos confrères d’Ouest-France que « l’argent public est précieux ». Dans sa volonté de poursuivre l’idée du macronisme et son inspiration du Trumpisme, il souhaite mettre en place un DOGE (théorisé par le néo-nazi Elon Musk) à la française pour un « État Efficace ». Or, on se rend compte que les aides aux entreprises ne sont soumis à aucun contrôle sur l’utilisation de ces derniers, mais aussi des contrôles de l’efficacité des aides publics sur l’économie à l’échelle nationale. Autrement dit, il s’agit de la même rhétorique alambiquée sur le fait que les entreprises savent gérer les aides qu’elles reçoivent, mais pas les particuliers. Or, on se rend compte que la quasi-totalité des aides aux entreprises permettent également de prendre l’argent tout en licenciant, car il n’y a aucune restriction. Actuellement, la moyenne de 8 % d’aide aux entreprises permet simplement de créer une progression +0,1 % au premier trimestre et 0,3 % au deuxième trimestre.

Dans le même temps, le PIB est composé d’une grande partie de la consommation des ménages. Une austérité qui s’attaque à la consommation globale ne peut qu’aboutir à une baisse du pouvoir d’achat. Cela va se traduire durablement par une baisse du PIB et d’accélérer les effets de l’austérité, c’est-à-dire par l’accélération de la récession. En effet, le lien entre la consommation du ménage permet de soutenir qu’une des variables se traduit inexorablement par des conséquences sur la hausse du chômage et la hausse des dépenses sociales. Les néolibéraux pensent que les entreprises créent de l’emploi, mais en réalité, cela se trouve sacrément en contradiction par rapport aux États qui se basent sur les faits et non des croyances abstraites jamais vérifiées comme l’Espagne où la croissance est forte et le chômage baisse.`

Dans ce sens, nous sommes priés d’aller vers le mur. Ce n’est pas comme si l’exemple de la Grèce n’avait pas existé. Et si nous commencions par faire de la macroéconomie basée sur des statistiques faisant foi que sur une microéconomie appliquée à l’échelle d’un État, la réalité risque de devenir brutale dans les prochaines années.

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